Chers fidèles,
Le dimanche, Octave de Noël était autrefois aussi dénommé Octave de la Nativité et Circoncision du Seigneur. J’aimerais donc mettre en parallèle cet événement de la vie de Notre-Seigneur avec la fête de l’Epiphanie qui sera célébrée dans le courant de cette semaine. En effet, l’Epiphanie est non seulement la commémoraison de l’Adoration des Mages et des Noces de Cana mais elle est également celle du baptême du Christ. C’est pourquoi, traditionnellement, en la Vigile de l’Epiphanie il y a la grande bénédiction de l’eau.
La circoncision de Notre-Seigneur n’est pas uniquement l’accomplissement par le Christ d’une prescription rituelle, qu’Il avait lui-même imposée et qu’Il accomplit pour nous montrer le prix de l’obéissance : « Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance » [Hb V,8] C’est un événement qui est enraciné dans l’économie de l’Incarnation et qui métamorphose la relation entre Dieu et les Hommes.
Dans la circoncision du Christ, se manifeste d’importants éléments spirituels mais de façon sensible, visible et même corporelle. Corporellement, bien loin des idées perverses et mensongères de ce siècle, le Christ est un être humain parfait avec donc une identité sexuelle claire : Notre-Seigneur est un homme, un individu de sexe masculin. C’est là une des dimensions de l’Incarnation liée à la faute d’Adam, père de l’humanité ; le Christ lui est le « le premier-né, avant toute créature » [Col I, 15] mais aussi « le premier-né des morts » [Col I, 18 & Ap I, 5].Ce signe visible qui scelle l’Alliance est un signe d’amour : l’amour entre l’homme et la femme est une pâle figure de l’image de l’amour jaloux de Dieu pour les Hommes : « Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle » [Ep V, 25] Mais quand le Christ choisit librement (Notre-Seigneur avait déjà l’usage de la raison à ce moment là) de pratiquer ce rite c’est pour manifester sa messianité universelle. Car, comme le dit un document du IVème siècle le Christ « a aboli la circoncision en la portant à son achèvement en lui-même (Lc 2,21) » [Constitutions apostoliques, VI]. En raison de cela, la circoncision n’est non seulement plus nécessaire mais même interdite dans l’Eglise. Pour être membre du corps mystique du Christ, il n’y a plus besoin de circoncire un membre corporel, c’est la circoncision de l’Esprit qu’il faut [cf Rm II,29]. En effet il est dit : « Soyez circoncis pour votre Dieu et circoncisez le prépuce de votre cœur » [Jr 4,4]. Et la circoncision de l’Esprit est possible pour les Juifs mais également pour les Gentils « il n’y a plus ni juif, ni grec » [Ga III, 28]. Notre incorporation au peuple de Dieu se fait depuis ce moment là par l’effusion du sang de Dieu et non plus par l’effusion du sang des hommes. Le baptême est justement mort et résurrection dans le Christ, le baptême est une nouvelle naissance mais non plus par l’union de la chaire mais par l’eau et l’Esprit [cf Jn III, 5-6]. Le récit du rituel de la circoncision est donc d’une grande importance pour l’image que nous avons de Dieu et notre relation à Dieu : un Dieu qui descend jusque dans le corps humain et qui universalise l’Alliance.
Chanoine B. Sigros