« Vous aimer d’un amour désintéressé, oubliant le ciel et l’enfer, non pour être récompensé, mais simplement comme vous m’avez aimé »
Prière de saint François Xavier, 1506-1552
Bien chers fidèles,
Le passage de l’évangile de ce dimanche est un enseignement des plus précieux qu’il nous faudrait, tous, méditer au moins une fois par mois : « Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. » Or nous vivons dans le confort spirituel d’imaginer que notre Foi en Jésus suffira à nous sauver. Mais vous le savez, ce n’est pas la Foi seule qui sauve, il faut aussi la Charité. Cette Charité, c’est avant tout l’amour de Dieu. Un véritable amour de Dieu. Un amour complètement désintéressé de Dieu, un amour qui n’attend rien en retour , ni les consolations d’ici-bas, ni la gloire de la Béatitude dans l’autre monde. Voyez comment saint Jean Chrysostome parle de Saint Paul : « il n’aurait pas voulu, sans cet amour, habiter au milieu des trônes et des dominations ; il aurait mieux aimé, avec la charité de Jésus, être le dernier de la nature, se voir condamné aux plus grandes peines ». Qui peut prétendre à un tel amour de Jésus et de la sainte et indivisible Trinité ? Le constat est pénible et amer, mais il est pourtant clair : peu aiment Dieu comme il faut, peu seront en paradis. Saint Jean Chrysostome disait déjà en son temps au fidèles d’Antioche : « Combien pensez-vous qu’il y ait de sauvés dans votre ville ? Ce que je vais dire est pénible, je le dirai néanmoins. Parmi tant de milliers de personnes, il n’y en a pas cent qui arriveront au salut ; et encore ne suis-je pas sûr de ce nombre, tant il y a de perversité dans la jeunesse, de négligence dans la vieillesse. Cette doctrine est celle, unanime, des Pères, comme saint Athanase qui disait très explicitement : « Le troupeau, à qui il a plu au Père Céleste de donner son royaume, est petit. » Et sur le petit nombre d’élus, un grand ami de Jésus, saint Claude de la Colombière, le confesseur de saint Marguerite-Marie (que nous fêterons lundi prochain), disait « Vous vous étonnez que de cent mille chrétiens il n’y en ait pas dix de sauvés ? Et moi au contraire, plus je considère la chose, plus je m’étonne que de cent mille il y en ait trois de sauvés. »
Il nous faut aimer Dieu, et faire sa sainte volonté, signifiée et désirée, comme si nous savions déjà que nous irions en enfer. Il faut aimer Dieu de façon sincère, loyale et totale. Tout l’inverse des Pharisiens, qui faisaient de véritables, bonnes et saintes œuvres, mais avec un cœur double et des pensées hypocrites.
Il nous faut entendre les paroles de Notre-Dame de Fatima : « Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs ; tant d’âmes finissent en enfer parce que personne ne prie et ne se sacrifie pour elles ». Alors nous aurons à cœur de redire souvent la prière de saint François-Xavier et de méditer ces paroles : « Je vous aime, ô mon Dieu, et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on y aura jamais la douce consolation de vous aimer. » [St Jean-Baptiste Marie Vianney]
Chanoine B. Sigros