« La vertu propre de ce temps d’Avent est la préparation de l’âme à la venue du Verbe avec sa grâce. »
Bienheureux Cardinal Alfredo Schuster (1880 + 1954)
Chers fidèles,
En entrant dans la dernière semaine de l’Avent, unis aux justes de l’Ancienne Alliance, tous les chrétiens aspirent avec impatience à la grande joie de la délivrance de Noël. L’intensité de l’attente ne fait qu’augmenter, et « L’Église, dit Dom Guéranger, compte les heures d’attente ».
Or cette attente s’exprime parfaitement dans le cadre de l’évangile de cette Messe (en réalité, l’évangile de ce dimanche est celui de la Messe du samedi des Quatre-Temps) : le désert. Il faut que notre âme se retire au désert pour sentir grandir sa soif. Pour sentir, sans aucune distraction, l’aspiration profonde de son cœur vers Celui qui vient. La péricope de ce dimanche est pour l’âme un appel puissant à se préparer à accueillir le Christ : « Retirons-nous à l’écart durant ces jours ; ou si nous ne le pouvons faire à raison de nos occupations extérieures, retirons-nous dans le secret de notre cœur et confessons notre iniquité, comme ces vrais Israélites qui venaient, pleins de componction et de foi dans le Messie, achever, aux pieds de Jean-Baptiste, l’œuvre de leur préparation à le recevoir dignement, lorsqu’il allait paraître. » [Dom Guéranger] Il faut accepter durant ces dernières heures d’être attiré par Dieu à Jésus. Cela peut sembler surprenant mais notre attente au désert consiste à laisser son âme être happée par Dieu : « Je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur. » [Osée 2, 16] Car « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » [Jn VI, 44] Pour pouvoir goûter dans quelques jours la joie de Noël, il faut pouvoir en être émerveillé ; et pour en être émerveillé, il faut voir au-delà de la naissance d’un enfant, il faut voir Dieu. Que fait saint Jean-Baptiste au désert si ce n’est « rendre témoignage à la Lumière » [Jn I, 7} ? Celui après qui nous aspirons et qui nous aspire à Lui est bien la Lumière des Nations ! Cependant, faisons attention, malgré la grande splendeur de cette lumière certains ne la voient pas : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » [Jn I, 11] Il faut être un « fils de la lumière » pour voir la belle clarté de cette aurore qu’est Noël. Pour que l’âme saisisse ce qui se passe lors de la Nativité de Notre-Seigneur, elle doit être dans la lumière du Christ. N’est-ce pas l’incarnation de celui qui est la lumière, née de la lumière ? Il est vrai que cette lumière laisse échapper un rayon de clarté même aux païens, d’autrefois comme d’aujourd’hui, mais le véritable esprit de Noël est impénétrable à l’âme qui refuse de croire. A travers le monde, que ce soit l’hiver ou l’été, toutes les capitales se parent de quelques décorations festives, de quelques sapins mais pour être devant la crèche il faut être un fils de Dieu : « à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » [Jn I, 12]. Pour conclure, méditons les mots de saint Ambroise : « Accours vers cette lumière du Soleil qui illumine tout homme [Jn 1,9]. Cette vraie lumière brille pour tous ; mais si quelqu’un ferme sa fenêtre, il se prive de la lumière. Tu exclus le Christ si tu fermes la porte de ton esprit. Le Christ a toujours pouvoir d’entrer, mais il ne veut pas faire irruption comme un importun, forcer les gens qui ne le désirent pas. »
Chanoine B Sigros