2ème dimanche après l’Epiphanie

Chers fidèles,

           Mercredi 18 janvier, fête de la chaire de saint Pierre, débutera l’Octave de prière pour l’unité des Chrétiens. Or l’évangile de ce dimanche nous présente deux figures bien différentes mais qui toutes deux manifestent une Foi vive en Notre-Seigneur. La Foi du lépreux lui fait dire avec confiance et assurance en la puissance de Dieu : « Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir. » Quant au centurion, il reçoit la louange même du Verbe incarné : « dans Israël, chez personne je n’ai trouvé une si grande foi ».

Cette éloge, bien connu, mérite une double considération : premièrement, le centurion, donc Romain ne faisait pas parti du peuple élu et d’autre part, Notre-Seigneur parle de la Foi en Israël. Il y a là comme une forme d’antithèse : Un Romain un Gentil a plus de Foi que les fils du peuple élu, Israël. Jésus manifeste, ici, clairement l’universalité du Salut et de la religion qu’il fonde. Le point qui réunira désormais les Juifs et les Gentils, en passant par les Mages venu d’Orient, c’est la Foi dans la personne de Jésus. La Foi est ce qui rassemble les enfants de Dieu quelque soit leurs origines, leurs nationalités, leurs particularismes. La Foi vive rend possible la Charité qui est le lien de la perfection qui cimente ensemble les Chrétiens dans le Corps mystique du Christ. La Charité est seconde par rapport à la Foi dans l’ordre surnaturelle : en ce sens, que comme le rappelle le rituel romain : que vous procure le baptême ? La Foi. Que vous procure la Foi ? La vie éternelle. Il faut d’abord croire en Notre-Seigneur pour recevoir la vertu cardinale surnaturelle, donc gratuite et immérité, de la Charité. Comment aimer Dieu, si l’on ne croit même pas en son existence, en son omnipuissance, en sa souveraine bonté… ?

La Foi est la pierre d’angle qui fonde tout l’édifice de l’Eglise et de notre vie spirituelle. Saint Pierre, le premier Pape que nous fêterons mercredi, n’ a pas reçu la tâche d’aimer ces frères, mais celle de les confirmer dans la Foi. La vertu surnaturelle de Foi, aujourd’hui plus invisible que l’Espérance, est si fondamentale. Le Docteur de l’Amour divin affirme « La Foi est la base et le fondement de toutes les autres vertus, mais particulièrement de l’Esperance et de la Charité. » [Sermon LVI du 17 février 1622]. La Foi est vraiment un don qui en nous faisant tous professer les mêmes vérités de la Foi nous rassemble. Il nous faut donc être docile à l’enseignement de l’Eglise qui nous transmet les vérités révélées. Notre père saint François de Sales dit justement « L’obéissance des Chrétiens doit être aveugle parce que la foi ne voit pas, mais elle croit […/…] Il faut obéir à l’Eglise les yeux fermés. » [Sermon CXXXIX du 8 mars 1617] Sans cela le Chrétien court le risque de ne plus partager la même Foi que les autres et ainsi de s’exclure lui-même de la pleine communion de l’Eglise : « les hérétiques se sont jugés eux-mêmes » [Sermon CXXXII du 24 février 1617]

La Foi est ce qui nous fait membre du Peuple de Dieu. Ecoutez en conclusion la sentence du grand Docteur de l’Eglise : « C’est la foi, en effet, qui distingue le peuple fidèle de tous les autres (les hérétiques, les catéchumènes, les schismatiques sont hors de l’Eglise), tant que la foi règne, les hommes sont considérés comme faisant partie de la vigne ». [Sermon CXXXII du 24 février 1617].

Chanoine B. Sigros