Octave de la Nativité

Chers fidèles,

           Le dimanche, Octave de Noël était autrefois aussi dénommé Octave de la Nativité et Circoncision du Seigneur. J’aimerais donc mettre en parallèle cet événement de la vie de Notre-Seigneur avec la fête de l’Epiphanie qui sera célébrée dans le courant de cette semaine. En effet, l’Epiphanie est non seulement la commémoraison de l’Adoration des Mages et  des Noces de Cana mais elle est également celle du baptême du Christ. C’est pourquoi, traditionnellement, en la Vigile de l’Epiphanie il y a la grande bénédiction de l’eau.

  La circoncision de Notre-Seigneur n’est pas uniquement l’accomplissement par le Christ d’une prescription rituelle, qu’Il avait lui-même imposée et qu’Il accomplit pour nous montrer le prix de l’obéissance : « Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance » [Hb V,8] C’est un événement qui est enraciné dans l’économie de l’Incarnation et qui métamorphose la relation entre Dieu et les Hommes.

  Dans la circoncision du Christ, se manifeste d’importants éléments spirituels mais de façon sensible, visible et même corporelle. Corporellement, bien loin des idées perverses et mensongères de ce siècle, le Christ est un être humain parfait avec donc une identité sexuelle claire : Notre-Seigneur est un homme, un individu de sexe masculin. C’est là une des dimensions de l’Incarnation liée à la faute d’Adam, père de l’humanité ; le Christ lui est le «  le premier-né, avant toute créature » [Col I, 15] mais aussi « le premier-né des morts » [Col I, 18 & Ap I, 5].Ce signe visible qui scelle l’Alliance est un signe d’amour : l’amour entre l’homme et la femme est une pâle figure de l’image de l’amour jaloux de Dieu pour les Hommes : « Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle » [Ep V, 25] Mais quand le Christ choisit librement (Notre-Seigneur avait déjà l’usage de la raison à ce moment là) de pratiquer ce rite c’est pour manifester sa messianité universelle. Car, comme le dit un document du IVème siècle le Christ « a aboli la circoncision en la portant à son achèvement en lui-même (Lc 2,21) »  [Constitutions apostoliques, VI]. En raison de cela, la circoncision n’est non seulement plus nécessaire mais même interdite dans l’Eglise. Pour être membre du corps mystique du Christ, il n’y a plus besoin de circoncire un membre corporel, c’est la circoncision de l’Esprit qu’il faut [cf Rm II,29]. En effet il est dit : « Soyez circoncis pour votre Dieu et circoncisez le prépuce de votre cœur » [Jr 4,4]. Et la circoncision de l’Esprit est possible pour les Juifs mais également pour les Gentils « il n’y a plus ni juif, ni grec » [Ga III, 28]. Notre incorporation au peuple de Dieu se fait depuis ce moment là par l’effusion du sang de Dieu et non plus par l’effusion du sang des hommes. Le baptême est justement mort et résurrection dans le Christ, le baptême est une nouvelle naissance mais non plus par l’union de la chaire mais par l’eau et l’Esprit [cf Jn III, 5-6]. Le récit du rituel de la circoncision est donc d’une grande importance pour l’image que nous avons de Dieu et notre relation à Dieu  : un Dieu qui descend jusque dans le corps humain et qui universalise l’Alliance. 

Chanoine B. Sigros

Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ

Chers fidèles,

           Le mystère de Noël que nous célébrons ce soir est universel, toute la planète d’une façon ou d’une autre va participer aux festivités du 25 décembre. En effet, cette fête à la différence de Pâques est une fête qui unit et réconcilie ce qui était divisé. Certes les païens ne peuvent pas comprendre que c’est la naissance d’un Dieu que nous célébrons, que c’est un avènement inimaginable mais quelque chose leur fait goûter une petite partie de la joie de Noël. Cette joie est plus discrète et plus retenue que la joie de la triomphale victoire de Pâques. Même la sainte Liturgie semble être plus sobre. Les prêtres ont la possibilité de célébrer trois Messes mais si l’on ose dire ce sont des messes normales. A Pâques, la Messe de la Vigile est pleine de riches symboles, rien de comparable ce soir et demain matin. Pâques est un triomphe qui divise, qui sépare : Satan et les démons sont terrassés, la mort est vaincue, les bons et les méchants sont séparés par la Croix du Christ. Noël unit, réconcilie : le Ciel en Jésus s’unit à la Terre, Dieu s’unit à l’humanité, la richesse infinie de Dieu avec la pauvreté de la chair, la puissance de Dieu avec le silence de l’enfant, la souveraineté divine avec la dépendance du fils…

  Mais Noël, voyez-vous, n’est pas simplement un moyen que Dieu choisit pour aller vers la Croix et la Rédemption, c’est le mode que Dieu choisit pour accomplir la Rédemption. Notre Salut se fait en et par l’Incarnation du Christ. Noël est le prototype de ce que Dieu vise dans le projet de l’économie du Salut : à la Nativité, Dieu s’unit à l’Homme car Dieu veut que l’Homme s’unisse à lui pour l’éternité. Noël n’est pas à mettre en perspective avec Pâques mais plutôt avec l’Ascension. Alors la contemplation du mystère qui nous occupe prend un nouveau sens et s’ouvre dans une dimension future et collective. Ainsi qu’en ce jour béni, chacun de nous rayonne de cette joie et partage avec les autres Chrétiens les délices que Dieu nous offre en cadeau.

Chanoine B. Sigros

4ème dimanche de l’Avent

« La vertu propre de ce temps d’Avent est la préparation de l’âme à la venue du Verbe avec sa grâce. »

Bienheureux Cardinal Alfredo Schuster (1880 + 1954)

Chers fidèles,

  En entrant dans la dernière semaine de l’Avent, unis aux justes de l’Ancienne Alliance, tous les chrétiens aspirent avec impatience à la grande joie de la délivrance de Noël. L’intensité de l’attente ne fait qu’augmenter, et « L’Église, dit Dom Guéranger, compte les heures d’attente ».

   Or cette attente s’exprime parfaitement dans le cadre de l’évangile de cette Messe (en réalité, l’évangile de ce dimanche est celui de la Messe du samedi des Quatre-Temps) : le désert. Il faut que notre âme se retire au désert pour sentir grandir sa soif. Pour sentir, sans aucune distraction, l’aspiration profonde de son cœur vers Celui qui vient. La péricope de ce dimanche est pour l’âme un appel puissant à se préparer à accueillir le Christ : « Retirons-nous à l’écart durant ces jours ; ou si nous ne le pouvons faire à raison de nos occupations extérieures, retirons-nous dans le secret de notre cœur et confessons notre iniquité, comme ces vrais Israélites qui venaient, pleins de componction et de foi dans le Messie, achever, aux pieds de Jean-Baptiste, l’œuvre de leur préparation à le recevoir dignement, lorsqu’il allait paraître. » [Dom Guéranger] Il faut accepter durant ces dernières heures d’être attiré par Dieu à Jésus. Cela peut sembler surprenant mais notre attente au désert consiste à laisser son âme être happée par Dieu : « Je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur. » [Osée 2, 16] Car « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » [Jn VI, 44] Pour pouvoir goûter dans quelques jours la joie de Noël, il faut pouvoir en être émerveillé ; et pour en être émerveillé, il faut voir au-delà de la naissance d’un enfant, il faut voir Dieu. Que fait saint Jean-Baptiste au désert si ce n’est « rendre témoignage à la Lumière » [Jn I, 7} ? Celui après qui nous aspirons et qui nous aspire à Lui est bien la Lumière des Nations ! Cependant, faisons attention, malgré la grande splendeur de cette lumière certains ne la voient pas : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » [Jn I, 11] Il faut être un « fils de la lumière » pour voir la belle clarté de cette aurore qu’est Noël. Pour que l’âme saisisse ce qui se passe lors de la Nativité de Notre-Seigneur, elle doit être dans la lumière du Christ. N’est-ce pas l’incarnation de celui qui est la lumière, née de la lumière ? Il est vrai que cette lumière laisse échapper un rayon de clarté même aux païens, d’autrefois comme d’aujourd’hui, mais le véritable esprit de Noël est impénétrable à l’âme qui refuse de croire. A travers le monde, que ce soit l’hiver ou l’été, toutes les capitales se parent de quelques décorations festives, de quelques sapins mais pour être devant la crèche il faut  être un fils de Dieu : « à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » [Jn I, 12]. Pour conclure, méditons les mots de saint Ambroise : « Accours vers cette lumière du Soleil qui illumine tout homme [Jn 1,9]. Cette vraie lumière brille pour tous ; mais si quelqu’un ferme sa fenêtre, il se prive de la lumière. Tu exclus le Christ si tu fermes la porte de ton esprit. Le Christ a toujours pouvoir d’entrer, mais il ne veut pas faire irruption comme un importun, forcer les gens qui ne le désirent pas. »

Chanoine B Sigros

3ème dimanche de l’Avent

« Mes enfants, restez joyeux : je ne veux ni scrupules, ni mélancolies, il me suffit que vous ne fassiez pas de péché !»

Saint Philippe Néri

Chers fidèles,

  Le troisième dimanche de l’Avent est le dimanche dit de « Gaudete ». C’est le dimanche de la joie. L’Apôtre nous y exhorte, et même nous l’ordonne en utilisant l’impératif : « Soyez toujours joyeux dans le Seigneur ! Je vous le répète : soyez joyeux. » Il est vrai que parmi les épreuves et difficultés d’ici-bas qu’elle soit temporelle comme la forte inflation de ce moment, ou spirituelle comme la diminution de la foi et de la pratique, les chrétiens pourraient être tentés de se lamenter et d’être tristes. Mais, sans jamais nier la réalité, il faut voir la vie sous un angle surnaturel. Saint Josemaria nous interroge : « Si nous nous voyons comme ce que nous sommes, des enfants bien-aimés de notre Père des cieux, comment ne serions-nous pas toujours joyeux ? »

Ce temps de l’Avent est justement un temps d’attente dans la joie : « Nous attendons, dit le bienheureux Guerric d’Igny,  le jour anniversaire de la Nativité du Christ, dont on nous annonce que nous le verrons bientôt. Et l’Écriture semble exiger de nous une joie telle que l’esprit, s’élevant au-dessus de lui-même, s’empresse d’accourir au-devant du Christ qui vient; il se porte en avant par le désir, il s’efforce, sans tolérer aucun retard, de voir déjà ce qui est encore à venir. »

Notre paix, notre joie, notre secrète béatitude ne sont point de celles que donne le monde ; le monde ne peut y toucher ; nos vies fixées en Dieu, le climat de nos vies doit être le climat de la grâce. Si nous vivons dans la grâce nous serons dans la joie chrétienne. Elle est vraiment un signe de notre amitié avec Dieu, de notre union à Jésus. Ainsi la tristesse, la mélancolie sont, elles, les signes et les marques de l’Ennemi. Saint Jean Bosco, tout empreint de la spiritualité de saint François de Sales, disait : « Rappelez-vous, le diable a peur des gens heureux ! » Cette peur lui vient que lorsqu’il rencontre une âme heureuse, il s’attriste d’un part parce qu’il lui sera difficile de la tenter, d’autre part cela rappelle à tous les démons le triste état qu’ils ont choisi en refusant de servir Dieu. La persévérance dans la joie évite bien des tentations. En effet, comment succomber dans des plaisirs illicites si nous apprécions l’amour de Dieu pour nous ? Comment tomber dans la fuite des préoccupations et la recherche de  divertissements malsains si nous nous réjouissons dans le Seigneur ? Cependant il faut bien noter que la joie n’est pas facile à maintenir en nos âmes. Mais c’est ce que Dieu nous demande et ce qu’il apprécie. Sainte Thérèse d’Avila aimait à dire que « Le Seigneur aime les cœurs joyeux, les âmes toujours souriantes. »

Avec l’aide des saints, leurs intercessions et leurs exemples (en particulier celui de saint Philippe Néri, saint patron de notre séminaire de Gricigliano), il nous faut cultiver l’esprit de joie marque de l’esprit de l’enfance spirituelle que nous enseigne saint François de Sales. Souvenons-nous toujours que « nous valons ce que valent nos joies » [saint Thomas d’Aquin].

Chanoine B Sigros

Deuxième dimanche de l’Avent

« La route qu’on vous montre n’est pas longue ; ô hommes ! Vous n’avez ni à franchir les mers, ni à pénétrer les nues, ni à gravir les montagnes. C’est en vous-mêmes que vous irez à la rencontre de votre Dieu. » Saint Bernard

Chers fidèles,

  Dans la collecte de cette Messe nous disons  : « Excitez, Seigneur, nos cœurs pour préparer la route à votre Fils unique » C’est là l’écho de la mission que Dieu attribua, en son temps, à saint Jean-Baptiste, comme nous le dit l’évangile de ce dimanche : « C’est celui dont il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de vous, pour vous préparer la voie devant vous. » Aujourd’hui, avec l’intercession de saint Jean-Baptiste, nous voulons nous aussi faire une route en notre âme au Verbe incarné. C’est là l’enseignement majeur de cette Messe comme le dit Dom Guéranger « L’avènement intérieur, celui qui s’opère dans les âmes, est l’objet presque exclusif des prières de l’Église en ce jour » 

  Pour faire cette piste, il faut se mettre en route. Ecoutez les conseils que nous donne le Bienheureux Père Abbé Guerric D’Igny (1070 +1157) : « Le chemin du Seigneur, frères, qu’il nous est demandé de préparer se prépare en marchant. On y marche dans la mesure où on le prépare. Même si vous vous êtes beaucoup avancés sur ce chemin, il vous reste toujours à le préparer, afin que, du point où vous êtes parvenus, vous soyez toujours tendus au-delà. Voilà comment, à chaque pas que vous faites, le Seigneur à qui vous préparez les voies vient au-devant de vous, toujours nouveau, toujours plus grand. C’est pourquoi le voyageur sage et décidé pensera commencer lorsqu’il arrivera. Il oubliera alors ce qui est derrière lui pour se dire chaque jour : « Maintenant, je commence. » Mais nous qui parlons d’avancée dans ce chemin, plût au ciel que nous nous soyons mis en route ! A mon sens, quiconque s’est mis en route est déjà sur la bonne voie : il faut toutefois qu’il ait vraiment commencé. Si tu es déjà sur le chemin, ne perds pas ta route ; tu offenserais le Seigneur qui lui-même t’a conduit. Alors il te laisserait errer dans les voies de ton cœur. Si ce chemin te paraît dur, regarde le terme auquel il te conduit. « Ils marcheront par ce chemin, dit Isaïe, ceux qui ont été libérés et rachetés par le Seigneur, et ils viendront dans Sion avec des cris de joie. Un bonheur éternel transfigurera leur visage, allégresse et joie les accompagneront, douleur et plainte auront pris fin. » Celui qui pense à ce terme, non seulement trouve le chemin court, mais encore a des ailes, de sorte qu’il ne marche plus, il vole vers le but. »

  Pour conclure voyons comment entreprendre ce voyage qui ouvre et trace la route : « Efforçons-nous, dit saint Bernard, de monter vers le Sauveur par la même voie qu’il a suivie pour descendre jusqu’à nous. Puissions-nous avoir, par vous, Ô Marie, accès auprès de votre Fils. Que celui qui nous a été donné par vous, par vous aussi nous reçoive. »

Chanoine B Sigros

Tota Pulchra es Maria !

A l’occasion de la Neuvaine de l’Immaculée Conception, voici un rappel des indulgences que vous pouvez gagner :

L’indulgence partielle est accordée au fidèle qui

1° participe avec dévotion à une neuvaine publique (par exemple, avant la solennité de la Nativité du Seigneur, ou de la Pentecôte, ou de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie) ;

2° récite pieusement des Litanies approuvées (par exemple, du Très Saint Nom de Jésus, du Sacré-Cœur de Jésus, du Précieux Sang de notre Seigneur Jésus Christ, de la Sainte Vierge, de Saint Joseph, des Saints) ;

1er Dimanche de l’Avent

« Donc, frères, préparons-nous à accueillir le jour de la naissance du Seigneur en nous parant de vêtements éclatants de blancheur. »

Saint Maxime de Turin

Chers fidèles,

  Une nouvelle année liturgique commence et tout est annoncé dans ce premier dimanche de l’Avent. En effet, pour entreprendre quelque chose, il faut d’abord savoir ce que l’on veut faire ; axiome de bon sens que les philosophes expliquent en disant que la cause finale (le but visé dans notre pensée) précède la cause efficiente (la puissance de la réalisation de l’objectif). Et en ce premier dimanche de l’année, l’Eglise nous donne le programme de toute l’année et spécialement de l’Avent.

  Le programme de l’année liturgique est, somme toute, simple : en revivant, de nouveau, la vie et les mystères du Christ se laisser envahir par le Christ afin que se réalise ce que Notre Seigneur avait fait en saint Paul : « ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » [Ga II, 20] et ainsi d’obtenir le Paradis.

  Et c’est pour cela que l’année liturgique s’ouvre par le temps de l’Avent. Ce n’est pas le simple motif chronologique qui fait que l’Eglise a décidé que l’année chrétienne débute par ce temps précis, mais c’est plutôt la mystique propre de cette période qui motive l’Eglise.

  Tout l’Avent est centré sur l’Adventus Domini, l’Avènement du règne de Dieu. C’est « la clef de voûte de la liturgie de l’Avent ». Avènement qui, vous le savez bien, est triple  : «  Il y a trois Avénements du Seigneur, dit Pierre de Blois, le premier dans la chair, le second dans l’âme, le troisième par le jugement. » Le troisième est celui qui explique le choix de l’évangile de cette Messe et n’est-ce pas finalement l’objectif final de toute notre vie chrétienne ? « pensez, encourage saint Bernard, à l’Avénement où il viendra pour nous prendre avec lui » Mais pour que celui-ci se réalise, il faut que le second se fasse en nous et cela aurait été impossible sans le premier. Et ces réflexions font que l’âme se trouve dans une attitude d’attente. L’attente est l’attitude propre à l’Avent et l’attitude fondamentale de toute vie spirituelle. La collecte de la Vigile de Noël fonde cette posture de l’âme en rappelant « vous nous donnez chaque année la joie d’attendre notre rédemption ».

  Afin d’accomplir les vœux que formule saint Bernard « Il va de soi, mes frères, que vous devez célébrer de toute votre dévotion l’avènement du Seigneur », écoutons l’exhortation de saint Paschase Radbert (+ vers 860) « C’est pourquoi il faut toujours tenir compte d’un double avènement du Christ : l’un quand il viendra, et que nous devrons rendre compte de tout ce que nous aurons fait ; l’autre, quotidien, quand il visite sans cesse notre conscience, et qu’il vient à nous afin de nous trouver prêts lors de son avènement. A quoi me sert, en effet, de connaître le jour du jugement, lorsque je suis conscient de tant de péchés? De savoir si le Seigneur vient, et s’il ne vient pas d’abord dans mon cœur et ne revient pas dans mon esprit, si le Christ ne vit pas et ne parle pas en moi? Alors, oui, il m’est bon que le Christ vienne à moi, si avant tout il vit en moi et moi en lui. »

Chanoine B Sigros

24ème et dernier Dimanche après la Pentecôte

« Aucun serviteur de Jésus-Christ peut être sans tribulation, et si vous pensez à ne pas avoir à endurer de persécution, vous commencez à peine à être chrétien »

Saint Augustin

Chers fidèles,

  l’évangile de ce dimanche, s’il est mystérieux il n’en demeure pas moins effroyablement rigoureux. Les tribulations passées – mais prédites par le Christ – et les futures de la fin des temps sont aà bien des titres effrayantes : « Aussitôt après la tribulation de ces jours, le soleil s’obscurcira, et la lune ne donnera plus sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. » A cette annonce et au milieu de nos plus simples, mais plus fréquentes, tribulations du quotidien, il faut se tourner vers les paroles de l’épître pour trouver le réconfort : « fortifiés à tous égards par la puissance de sa gloire » dit saint Paul aux Colossiens.

  En effet, il nous faut recourir bien plus souvent aux secours divins de la grâce. Dieu est – très – riche et nous ne nous tournons pas assez vers lui pour implorer son secours. L’auteur de tous les biens en est également le distributeur, si nous ne nous adressons pas à Dieu dans les tribulations, épreuves et contrariétés, c’est l’orgueil du vieil homme qui prendra le dessus et cherchera, en vain, à sortir de ses soucis. Mais ce qu’il oubliera dans son aveuglement, c’est que tout cela peut servir à son Salut, les tribulations sont des semences de gloire. En outre, qui ici-bas peut prédire que son action ou inaction va réellement changer les choses dans le sens qui l’espère ? Notre empressement, s’il n’est pas couronné par Dieu, ne sert à rien. Il nous faut donc tout d’abord se rappeler, sans se lasser, que Dieu pourvoit (cf. Mt VII, 7). Si Dieu est Père ce n’est pas juste une façon de dire, comme un bon père de famille, il veille au bien des siens. Ce Père est celui que Notre-Seigneur présente dans l’évangile, il est souverainement bon. Il n’oublie aucun de ses enfants, il attend même les prodigues et il est prêt à leur offrir un banquet. Alors combien plus Dieu donnera largement à ceux qui lui restent fidèles, même dans les tribulations. Dieu l’a promis il ne nous abandonnera jamais.

  Dans les tribulations, qui selon l’hébreu, indique un malheur qui nous arrive contre notre volonté, l’attitude essentielle est de prier, de demander à Dieu d’être fortifié. Si nous prions, fortifié en Dieu, l’âme est préservée de l’abattement. Car si le diable et le monde n’arrivent pas à faire tomber une âme dans le péché, ils vont toujours chercher à voler la joie des Fils de Dieu. Alors, devant les tribulations, surtout les petites du quotidien qui se répètent et se succèdent l’une à l’autre, gardons confiance en Dieu notre Père, prions et alors fortifiés en sa Gloire, rien ne saura nous abattre.

  Chanoine B Sigros

23ème Dimanche après la Pentecôte

Chers fidèles,

  L’évangile de cette Messe est riche car il nous présente deux miracles de Jésus. Mais si le premier est réalisé immédiatement, le second est accordé par Notre-Seigneur à une condition : que la foule bruyante soit éloignée. La condition mise par Dieu pour réaliser ce second miracle attire l’attention. En effet, dans un monde qui ne sait se passer de bruit : que ce soit le bruit des « flashs » d’information sur les téléphones portables,  la musique écoutée sans cesse, jour et nuit, ou la télévision qui reste allumée en permanence ; la valeur du silence reste à redécouvrir.

   Le silence est indispensable pour faire l’expérience concrète de Dieu. Car, Dieu vous le savez ne se trouve pas dans le vacarme des ouragans, des tremblements de terre mais Dieu se manifeste dans le silence de la brise légère (I R 19, 11-13). C’est pourquoi dans notre liturgie traditionnelle le silence tient une place centrale. Les paroles les plus saintes de la Messe sont entourées de silence, tout le Canon de la Messe (du Sanctus, inclus, au Pater, exclu) et spécialement la Consécration sont dit à voix basse par le célébrant. Comme le disait le Pape émérite « Dans la contemplation silencieuse se révèle ensuite, encore plus fortement, cette Parole Eternelle par laquelle le monde fut créé » [Message du 24 janvier 2012]  Or c’est cette même Parole qui, par le ministère sacerdotale,  opère la transsubstantiation. Miracle ô combien plus impressionnant que la création du monde. Et devant un tel mystère, l’attitude de l’âme est naturellement silencieuse. L’âme se perd dans le mystère, ou plutôt elle se laisse emporter, comme enivrée, par la grandeur de ce qui se passe invisiblement à l’autel. Mais ce silence liturgique est également une condition pour recevoir les paroles de l’Ecriture sainte qui sont solennellement chantées à la Messe. Autrefois, le diacre imposé le silence par une monition et à ce sujet il y a la beau témoignage de saint Germain « Pour deux raisons le diacre proclame le silence : bien sûr pour que le peuple silencieux entende mieux la parole de Dieu, mais aussi pour que notre cœur, faisant taire les pensées triviales, reçoive le mieux possible en lui-même le Verbe de Dieu » [Lettre de 574 ] Et par là, la différence entre le silence extérieur et le silence intérieur est mise en lumière. Le silence extérieur est nécessaire mais ce n’est que pour obtenir le silence intérieur qui une fois établi peut perdurer même au milieu des tracas et préoccupations.

  Alors demandons à Dieu la force de trouver des moments de silence dans notre quotidien et savourons, toujours plus, le silence et le recueillement que la divine liturgie nous offre.

  Chanoine Bertrand  Sigros

22ème Dimanche après la Pentecôte

« C’est de la nature et donc du Créateur que les hommes ont reçu le droit de propriété privée, tout à la fois pour que chacun puisse pourvoir à sa subsistance et à celle des siens, et pour que, grâce à cette institution, les biens mis par le Créateur à la disposition de l’humanité remplissent effectivement leur destination»

Pie IX, encyclique Quadragesimo anno, 1931

Chers fidèles,

l’homme contemporain contemporain Est-il permis de payer le tribut à César ou non ? Cette question peut sembler à l’homme comme comme surprenante surprenante . . Qui Qui aujourd’hui aujourd’hui se se poserait poserait la question : est-il légitime de payer les impôts ? Certes, l’interrogation de l’Evangile est dans un double contexte, et d’occupation par une puissance étrangère, et d’hypocrisie religieuse des Pharisiens. Mais elle n’en demeure pas moins importante. En effet, ce passage de l’Evangile fonde la distinction entre le temporel et le spirituel. Cette distinction s’oppose à deux erreurs : l’identification entre l’Etat et le spirituel, présente chez les Orthodoxes et les Anglicans, et d’autre part, la séparation chez les Protestants. Pour nous, Catholiques, cette distinction n’interdit pas à l’Eglise de donner à la société un enseignement : c’est ce que l’on appel couramment la Doctrine Sociale de l’Eglise. L’une des encycliques clefs de ce corps de doctrine est celle de Leon XIII, Rerum Novarum, publié en 1891. Or, justement, dans cette lettre encyclique, le Pape rappel les règles de l’imposition . L’impôt doit être régulé avec prudence par l’autorité publique : « Elle [l’autorité publique] agit donc contre la justice et l’humanité quand, sous le nom d’impôts, elle grève outre mesure les biens des particuliers. ». Le Pape explique que pour avoir la prospérité, il faut « un taux modéré et une répartition équitable des impôts ». La répartition équitable de l’impôt implique l’équité et justice. Les services rendus par l’État à ses membres et les contributions matérielles ou financières correspondantes ne relèvent pas de la justice justice commutative, commutative, comme comme dans dans l’échange l’échange contractuel, contractuel, mais mais de de la la la justice distributive. Celle-ci porte sur les relations de chacun avec autrui, prises non pas individuellement (justice commutative), mais socialement. Cette référence à la justice distributive a pour conséquence que la répartition des contributions et des services correspondants n’est pas réglée par un principe d’égalité, mais par un principe d’équité qui tient compte des situations de chacun. Ainsi, selon l’encyclique, « Il ne faut pas que la propriété privée soit épuisée par un excès de charges et d’impôts. ». Etant sauves, et la subsidiarité et la liberté de l’Eglise, reste à l’Etat d’assumer la part qui lui revient dans le service du bien commun. justice

ChanoineB Sigros