18ème Dimanche après la Pentecôte

« Si quelqu’un dit que la messe est un sacrifice seulement de louange et d’action de grâces, ou une pure commémoraison, mais non un sacrifice propitiatoire, qu’il soit anathème»
Concile de Trente, Session XXII, Décret sur la Messe, Canon 3, 1562

 

Bien chers fidèles,

L’antienne d’Offertoire évoque la grande figure de Moïse, le législateur de la Liturgie de l’Ancienne Alliance. Le texte de cette antienne parle du sacrifice du soir, l’un des nombreux sacrifices commandés par Dieu.
Dieu avait promulgué par Moïse la façon d’offrir les sacrifices et il y en a deux qui sont, bien qu’assez méconnues, d’une certaine importance. Il s’agit des deux sacrifices qui étaient offerts continuellement au Temple : le sacrifice du matin et du soir. Deux sacrifice exactement identiques. Deux sacrifices que l’Ancienne Loi commandait de faire à la troisième heure (9h) et à la neuvième heure (15h). C’est exactement la durée du sacrifice sanglant de Notre-Seigneur sur la Croix (Mc XV, 25.43) Le livre de l’Exode précise que ce sacrifice sera à perpétuité (Ex XXIX, 38) et le Christ qui s’est offert définitivement au Calvaire, par anticipation lors de la Cène, l’avait de même commandé à perpétuité : « faites ceci en mémoire de moi » (Lc XXII, 19). Le sacrifice du Christ et celui de la Messe est un sacrifice propitiatoire (qui rend Dieu propice), qui comme autrefois celui du matin et du soir, s’élève « en agréable odeur au Seigneur » (Ex XXIX, 41) (cf. prière du Canon Offerimus tibi «  cum odóre suavitátis ascéndat »).

Mais l’évangile de la Messe de ce dimanche montre Notre-Seigneur pardonnant les péchés. Ce pouvoir du Christ qui nous sauve de l’esclavage du péché, comme Moïse avait sauvé le peuple de l’esclavage de l’Egypte, est un pouvoir d’expiation (qui demande le pardon à Dieu). Or le Christ sur la Croix est la victime d’expiation par substitution. Jésus a offert le seul sacrifice qui pouvait réparer l’offense infini faite par les hommes à Dieu lors du péché originel. Le sacrifice du Christ est également un sacrifice expiatoire.

La sainte Messe, vous le savez bien, est le renouvellement non sanglant du sacrifice de la croix. Le catéchisme de Saint Pie X explique que de la Messe est offerte pour quatre fins : latreutique (adoration), eucharistique (rendre grâce), propitiatoire et impétratoire (demande des secours de Dieu). Et la Messe comme sacrifice propitiatoire contient la dimension expiatoire. « En effet, apaisé par cette oblation, le Seigneur, concédant la grâce et le don de la pénitence, remet les crimes et les péchés même énormes. En effet, c’est une seule et même hostie, s’offrant maintenant par le ministère des prêtres, qui s’est offerte alors elle-même sur la croix, seule la manière d’offrir étant différente. » (Concile de Trente) Notre-Seigneur nous rendu Dieu propice en expiant pour nous nos péchés.

Chanoine B Sigros

17ème Dimanche après la pentecôte – Solennité de Notre-Dame du Rosaire

« Que chaque famille chrétienne ne laisser passer un seul jour sans réciter le Rosaire »

Leon XIII, Bref Salutaris ille, 1883

 

Bien chers fidèles,

La fête de Notre-Dame du Rosaire nous rappelle la puissance de cette prière et la grande force d’intercession  dont dispose la Reine des Cieux.

Le Rosaire, que Jules  III appelait « la gloire de l’Eglise » est une dévotion indispensable à toute vie véritablement chrétienne. Les nombreux enseignements des Papes et leurs inlassables exhortations en faveur de cette prière ne sont que les échos des demandes répétées de la Sainte Vierge en personne. A Fatima, en 1917, la sainte Vierge ne dit-elle pas : « Je suis Notre-Dame du Rosaire. Je suis venue pour exhorter les fidèles à réciter chaque jour le chapelet » ? Ce qu’elle réitérera en 1947 lors des apparitions à l’Ile Bouchard. Cette invitation pressante est un encouragement à garder, ou retrouver, cette bonne pratique durant le mois d’Octobre, le mois traditionnellement consacré au Rosaire.

Le Pape du Rosaire, Léon XIII, dans son Encyclique Jucunda semper présente cette puissance d’intercession dont dispose Notre-Dame: « La confiance du secours que nous avons en Marie est basée sur la grandeur de l’office de Médiatrice de la grâce, qu’elle exerce continuellement en notre faveur, devant le trône de Dieu, Elle, la créature la plus agréable à Dieu et par sa dignité et par ses mérites, et, par conséquent, éminemment supérieure en puissance à tous les anges et à tous les saints. Or, cet office ne rencontre peut-être son expression dans aucune prière aussi bien que dans le Rosaire, où la part que la Vierge a prise au salut des hommes est rendue comme présente, et où la piété trouve une si grande satisfaction, soit par la contemplation successive des mystères sacrés, soit par la récitation répétée des prières. »

Rien ne peut nous être plus profitable que de suivre les recommandations même de la Mère de Dieu. En récitant le Rosaire c’est Dieu que nous prions, par l’intercession de Notre-Dame qui est la Reine victorieuse sur les démons, avec les paroles des saints Ecritures et celles de de l’Eglise (divinement conduite par Dieu),  selon la méthode que la Vierge Marie  a elle-même indiquée. Dans cette prière tout est Céleste : même la répétition des Ave Maria, c’est la répétition  continuelle des louanges telles que dans les Cieux les anges et les saints adressent à Dieu « Saint, Saint, Saint » et qui rejaillissent sur sa Mère.

 Chanoine B Sigros

16eme Dimanche après la Pentecôte – Solennité de Ste Thérèse



« L’esprit missionnaire et l’esprit catholique sont une seule et même
chose. »
Pie XII Encyclique Fidei Donum 1957

Bien chers fidèles,
Parmi les petits auxquels les secrets du Royaume ont été manifestés
d’une manière toute particulière, resplendit
sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et
de la Sainte-Face, moniale professe de l’Ordre des Carmélites déchaussées, qui
pour nous, est un exemple dans la “sciéntiæ caritátem Christi” (épître du XVI
dimanche après la Pentecôte). Avec la sainte de Lisieux nous expérimentons
que la Charité n’a de limites que l’Amour infini du Christ pour les Hommes.
En étant, comme elle, “in caritáte radicáti et fundáti – enracinés et fondés dans la
charité”, nous pouvons, sans négliger notre prochain (celui qui est proche de
nous), aimer au-delà des monts et des océans. Si Pie XI l’a faite co-patronne des
Mission c’est parce que, depuis sa Normandie natale, elle rayonnait par l’ardeur
de l’amour divin jusque dans les contrées les plus lointaines.
La base de tout élan missionnaire est et restera toujours l’amour de
Notre-Seigneur pour tous les hommes. Si nous comprenons qu’il n’y a pas
d’autre nom donné que celui de Jésus pour le salut des âmes, non seulement
nous comprenons pourquoi l’Eglise est missionnaire, mais nous comprenons
aussi que nous ne pouvons pas ne pas l’être. Notre vie chrétienne
ne s’arrête pas au culte que nous rendons à Dieu le dimanche, un culte
individuel comme la laïcité entend le restreindre. Notre vie chrétienne est,
selon la nature de l’Homme que Dieu a créé, sociale. Et dans cette société
divine qu’est l’Eglise, les liens qui nous réunissent dépassent tous les
nationalismes. L’esprit missionnaire n’est pas réservé à quelques âmes, avides
d’exotisme ou d’humanisme généreux. C’est l’apanage de l’âme vraiment
catholique (au sens littéral du terme)!
Cela nous stimule dans notre vie chrétienne. En effet, notre vie
chrétienne n’est pas comme les jeux vidéo dans lesquels lorsque le dernier
niveau est atteint, il ne reste rien à faire. Dans la Charité, il n’y a pas de dernier
niveau. On ne finit jamais de grandir dans l’amour. Car cet amour c’est un
amour surnaturel qui se fonde dans celui divin, incréé et infini de Dieu. C’est
tout l’enseignement de saint François de Sales pour qui, non seulement on se
renonce à soi même, mais surtout on laisse venir vivre le Christ en nous : “si je
vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi” [Gal II, 20]


Chanoine B Sigros

15ème Dimanche après la Pentecôte – Le mot du Chanoine

“il ne peut plus avoir Dieu pour Père celui qui n’a pas l’Église pour Mère”

St Cyprien de Carthage De Catholicae Ecclesiae Unitate

Bien chers fidèles,

Le récit évangélique de la résurrection du fils de la veuve de Naïm (Luc., 7, 11-16) fait allusion à la médiation de l’Église, grâce aux larmes de qui le Seigneur rappelle à la vie les pauvres pécheurs. Ces larmes, l’Église les répand dans toutes ses prières, mais que celui qui veut être sûr d’être ressuscité par le Christ recoure à la Mère Église” nous dit le Bienheureux Cardinal Schuster. Cette femme qui intercéde pour son fils mort auprès du Christ c’est ce que fait l’Eglise pour ses enfants. Cette médiation est très importante notamment quant à la vertu de Foi. Beaucoup d’erreurs se répandent en raison de l’individualisme et du rationalisme ambiant. En effet, les prophètes et les apôtres ont reçu immédiatement de Dieu, les vérités de la Foi chrétienne. Mais pour nous, nous les recevons médiatement par la prédication de l’Eglise divinement assistée. C’est-à-dire que les apôtres ont cru uniquement en raison de l’Autorité incréée de la révélation divine. Le motif de notre Foi est aussi cette même Autorité mais en tant que son message nous est précisé, en outre, par l’Autorité créée de l’Eglise.

Et le refuser “c’est vouloir substituer, au motif de croire qui nous est assignée par Dieu même [c’est-à-dire la médiation de l’Eglise], un motif de croire de notre propre choix” [Cardinal Journet, Église du Verbe incarnée, tome III, page 1298], en somme ce n’est plus croire de Foi divine en les vérités de la Foi chrétienne en raison d’une foi humaine qui est simplement une préférence de la volonté propre.

Notre père, saint Thomas d’Aquin enseigne donc justement que “Celui qui ne regarde pas l’enseignement de l’Eglise comme une règle infaillible et divine… n’a pas la vertu de Foi : il tient ce qui est de Foi autrement que par la foi” [Somme de Théologie IIa-IIae, Q 5, a3] Cela ne veut pas dire que les Protestants et les Orthodoxes n’aient pas la vertu de Foi mais “son déploiement s’y trouve officiellement contrarié par l’erreur et constamment menacé”[Card. Journet, page 1298].

Rendons donc grâce à Dieu de notre baptême dans la Foi chrétienne et catholique et de notre persévérance dans la Foi. Prions pour l’Eglise qui est notre Mère car “il ne peut plus avoir Dieu pour Père celui qui n’a pas l’Église pour Mère

Chanoine B Sigros

14ème Dimanche après la Pentecôte – Le mot du Chanoine

« nihil amori Christi praeponere »

Règle de St Benoit IV, 21

Bien chers fidèles,

Ce quatorzième dimanche après la Pentecôte, aussi appelé le Dimanche de la Providence, nous invite à méditer sur l’attachement que nous avons aux bien de ce monde. La constatation de saint Augustin à ce sujet “quiconque est esclave des richesses s’attache à un maître dur et à une domination funeste” est toujours actuel. La tristesse de ce monde vient justement de ce trop grand attachement aux choses de la terre. Il suffit de regarder les gens, sans Foi : voyez-vous comme ils sont tristes ? Le taux de suicides est révélateur : le plus fort taux de suicides est en Europe et en Amérique du Nord, les pays où le confort et les biens ne manquent pas. Ils ont beaucoup mais ils ne sont pas heureux. C’est bien la preuve que « l’argent ne fait pas le bonheur ». Notre Seigneur ne condamne pas la nécessité et le besoin que nous avons de ces choses matérielles, ce que demande Jésus c’est de ne pas avoir une préoccupation à ce sujet. Il est évident que certaines circonstances, comme “la vie chère”, peuvent nous donner des inquiétudes, mais elles ne doivent pas prendre la place de Dieu. En effet, le monde et son cortège de funestes dominations (pouvoirs, argent, sexualité déséquilibrée…) détournent de la quête de Dieu et de la préoccupation de son Salut. Et c’est là l’enseignement nouveau de l’évangile, il n’est pas tant question de se détacher du monde que de s’attacher à Dieu même. De nombreux courants de pensée religieux ou philosophiques prônent ce détachement mais absolument aucun ne propose de s’attacher à l’auteur de tout bien. Et, Mes Frères, j’attire votre attention : “hæc ómnia adiiciéntur vobis – toutes ces choses vous seront données par surcroît”. Dieu nous donnera ce dont nous avons besoin. Ce n’est pas être imprudent que de mettre sa confiance en Dieu, c’est une prudence surnaturelle. Regardez les saints François et Dominique et leur ordre mendiant. Alors ce qu’il faut évaluer sérieusement c’est le degré de notre attachement à Dieu, Dieu est il à la première place dans ma vie ? Et cette première place Dieu la réclame dans toute notre vie. Il y a pas ma vie chrétienne et les autres aspects en parallèle. Dieu doit être au centre de ma vie personnelle, de ma famille et de mon travail. En sommes, comme le dit notre père saint Benoît “ nihil amori Christi praeponere – ne rien préféré à l’amour du Christ ”.

Chanoine B Sigros