Chers fidèles,
L’évangile de cette Messe est riche car il nous présente deux miracles de Jésus. Mais si le premier est réalisé immédiatement, le second est accordé par Notre-Seigneur à une condition : que la foule bruyante soit éloignée. La condition mise par Dieu pour réaliser ce second miracle attire l’attention. En effet, dans un monde qui ne sait se passer de bruit : que ce soit le bruit des « flashs » d’information sur les téléphones portables, la musique écoutée sans cesse, jour et nuit, ou la télévision qui reste allumée en permanence ; la valeur du silence reste à redécouvrir.
Le silence est indispensable pour faire l’expérience concrète de Dieu. Car, Dieu vous le savez ne se trouve pas dans le vacarme des ouragans, des tremblements de terre mais Dieu se manifeste dans le silence de la brise légère (I R 19, 11-13). C’est pourquoi dans notre liturgie traditionnelle le silence tient une place centrale. Les paroles les plus saintes de la Messe sont entourées de silence, tout le Canon de la Messe (du Sanctus, inclus, au Pater, exclu) et spécialement la Consécration sont dit à voix basse par le célébrant. Comme le disait le Pape émérite « Dans la contemplation silencieuse se révèle ensuite, encore plus fortement, cette Parole Eternelle par laquelle le monde fut créé » [Message du 24 janvier 2012] Or c’est cette même Parole qui, par le ministère sacerdotale, opère la transsubstantiation. Miracle ô combien plus impressionnant que la création du monde. Et devant un tel mystère, l’attitude de l’âme est naturellement silencieuse. L’âme se perd dans le mystère, ou plutôt elle se laisse emporter, comme enivrée, par la grandeur de ce qui se passe invisiblement à l’autel. Mais ce silence liturgique est également une condition pour recevoir les paroles de l’Ecriture sainte qui sont solennellement chantées à la Messe. Autrefois, le diacre imposé le silence par une monition et à ce sujet il y a la beau témoignage de saint Germain « Pour deux raisons le diacre proclame le silence : bien sûr pour que le peuple silencieux entende mieux la parole de Dieu, mais aussi pour que notre cœur, faisant taire les pensées triviales, reçoive le mieux possible en lui-même le Verbe de Dieu » [Lettre de 574 ] Et par là, la différence entre le silence extérieur et le silence intérieur est mise en lumière. Le silence extérieur est nécessaire mais ce n’est que pour obtenir le silence intérieur qui une fois établi peut perdurer même au milieu des tracas et préoccupations.
Alors demandons à Dieu la force de trouver des moments de silence dans notre quotidien et savourons, toujours plus, le silence et le recueillement que la divine liturgie nous offre.
Chanoine Bertrand Sigros