Solennité de la saint François de Sales

           Chers fidèles,

afin de se prépare à cette grande fête de la saint François de Sales, je vous livre quelques passages du Panégyrique du saint donné par Bossuet :

« Un Saint chéri de Dieu et des hommes , un Saint dont la mémoire est partout eu bénédiction , un Saint qui a dompté les monstres de l’hérésie et du schisme, un Saint respecté et honoré des monarques de la terre, un Saint qui n’est entré dans le gouvernement de l’Eglise que par l’ordre exprès de Dieu, un Saint qui a instruit tout le monde chrétien des devoirs de la véritable piété, un Saint instituteur et auteur de cette admirable règle qui a sanctifié tant d’épouses de Jésus-Christ ; mais particulièrement un Saint canonisé pour l’excellent mérite de sa douceur, In lenitate ipsius sanctum fecit illum : encore une fois, mes chers Auditeurs, n’est ce pas l’incomparable François de Sales ? »

« en un mot, l’ornement de notre siècle : mais nous comprendrons tout cela, en disant que ce fut, comme Moyse, un homme doux; et par sa douceur, capable aussi bien que Moyse, de faire des prodiges. Douceur évangélique , aimable caractère de notre Saint, qui fera le sujet non seulement de son panégyrique, mais de votre instruction et de la mienne. Car à Dieu ne plaise que je sépare l’un de l’autre, ni que je prétende aujourd’hui louer ce saint Evêque uniquement pour le louer et pour l’élever. Son éloge doit etre notre édification, et tout ensemble notre confusion : l’édification de notre foi, et la confusion de notre lâcheté. C’est ici un Saint de nos jours et par là même plus propre à faire impression sur nos cœurs : un Saint dont’ les exemples encore récents, ont je ne sais quoi de vif, qui nous anime et qui nous touche. Il ne s’agit donc pas de lui rendre un simple culte; il s’agit de nous former sur lui, comme il s’est lui-même formé sur le Saint des saints, qui est Jésus-Christ. »

« Quand je parle de la douceur, et que je fonde toute la gloire du saint Evêque de Genève sur le mérite de cette vertu, ne croyez pas que je veuille parler d’une vertu commune, qui se trouve en de médiocres sujets et qui n’ait rien de grand et de relevé. La douceur, dit excellemment saint Ambroise , appelée dans l’homme humanité, est en Dieu l’un des plus spécifiques et des plus beaux attributs de la divinité. »

« Je trouve que ce saint Prélat a esté choisi de Dieu pour deux fins importantes , qui ont également partagé sa vie et ses glorieux travaux : premièrement pour combattre et détruire l’hérésie ; secondement , pour restablir la pieté chrestienne presque entièrement ruinée. Il a fait pour l’un et pour l’autre tout ce qu’on pouvoit attendre d’un homme Apostolique ; et il a eu des succès que nous aurions peine , à croire, si les témoignages encore vivants, avec le consentement public , n’en estaient une double conviction. Mais je prétends que c’est à sa douceur, que ces bénédictions du ciel doivent estre singulièrement attribuées. »

Chanoine B. Sigros

3ème dimanche après l’Epiphanie

           Chers fidèles,

tout d’abord, veuillez m’excusez, il y a eu dans le dernier bulletin du 2ème dimanche après l’Epiphanie les textes de la Messe et le mot du Chanoine du 3ème dimanche après l’Epiphanie. Cette semaine je cède la parole à l’un des Docteurs de l’Eglise, saint Jérôme.

Homélie de saint Jérôme, prêtre.

Tandis qu’il descend de la montagne, les foules vont au devant du Seigneur ; car elles n’ont pu gravir les sommets. Et le premier qui vient à sa rencontre est un lépreux : à cause de sa lèpre il ne pouvait entendre le si long discours prononcé par le Sauveur sur la montagne. Il faut noter qu’il est le premier cas spécial de guérison : le second rang revient au serviteur du centurion, le troisième à la belle-mère de Pierre accablée par la fièvre à Capharnaüm, le quatrième aux possédés du démon qui sont présentés au Seigneur et dont les esprits sont chassés par sa parole lorsqu’il guérit aussi tous les malheureux.

« Et voici qu’un lépreux vint se prosterner devant lui en disant… » Après la prédication et l’enseignement, voici, fort à propos, l’occasion d’un signe afin que la puissance du miracle confirme chez les auditeurs la parole qu’ils viennent d’entendre. « Seigneur, si tu veux, tu peux me purifier. » Celui qui fait appel à la volonté ne doute pas de la puissance. « Alors il étendit la main et il le toucha en disant : Je le veux, sois purifié. » Le Seigneur étend la main, la lèpre fuit aussitôt. Observe également combien la réponse est humble et sans jactance. Le lépreux dit : « Si tu veux. » Le Seigneur répond : « Je le veux. » Il avait dit aussi : « Tu peux me purifier » Le Seigneur ajoute ces mots : « Sois purifié. » Il ne faut donc pas, comme le pensent la plupart des Latins, joindre les deux expressions et lire : « Je veux purifier », mais les séparer. Ainsi Jésus dit d’abord : « Je le veux », ensuite il ordonne : « Sois purifié. »

« Et Jésus lui dit : Garde-toi d’en parler à personne. » Et vraiment, était-il nécessaire d’annoncer en paroles ce que son corps proclamait ? « Mais va, montre-toi au prêtre. » Il le renvoie au prêtre pour différentes raisons. D’abord par motif d’humilité : il veut montrer qu’il témoigne de la déférence aux prêtres. Car la loi prescrivait à ceux qui avaient été guéris de la lèpre d’offrir des présents aux prêtres. Ensuite, à la vue du lépreux purifié ou bien ils croiront au Sauveur, ou bien ils ne croiront pas. S’ils croient, ils sont sauvés ; s’ils ne croient pas, ils seront sans excuse. Et en même temps, Jésus se dégage du reproche qu’on lui inflige très souvent, celui de violer la loi.

  Chanoine B. Sigros

2ème dimanche après l’Epiphanie

Chers fidèles,

           Mercredi 18 janvier, fête de la chaire de saint Pierre, débutera l’Octave de prière pour l’unité des Chrétiens. Or l’évangile de ce dimanche nous présente deux figures bien différentes mais qui toutes deux manifestent une Foi vive en Notre-Seigneur. La Foi du lépreux lui fait dire avec confiance et assurance en la puissance de Dieu : « Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir. » Quant au centurion, il reçoit la louange même du Verbe incarné : « dans Israël, chez personne je n’ai trouvé une si grande foi ».

Cette éloge, bien connu, mérite une double considération : premièrement, le centurion, donc Romain ne faisait pas parti du peuple élu et d’autre part, Notre-Seigneur parle de la Foi en Israël. Il y a là comme une forme d’antithèse : Un Romain un Gentil a plus de Foi que les fils du peuple élu, Israël. Jésus manifeste, ici, clairement l’universalité du Salut et de la religion qu’il fonde. Le point qui réunira désormais les Juifs et les Gentils, en passant par les Mages venu d’Orient, c’est la Foi dans la personne de Jésus. La Foi est ce qui rassemble les enfants de Dieu quelque soit leurs origines, leurs nationalités, leurs particularismes. La Foi vive rend possible la Charité qui est le lien de la perfection qui cimente ensemble les Chrétiens dans le Corps mystique du Christ. La Charité est seconde par rapport à la Foi dans l’ordre surnaturelle : en ce sens, que comme le rappelle le rituel romain : que vous procure le baptême ? La Foi. Que vous procure la Foi ? La vie éternelle. Il faut d’abord croire en Notre-Seigneur pour recevoir la vertu cardinale surnaturelle, donc gratuite et immérité, de la Charité. Comment aimer Dieu, si l’on ne croit même pas en son existence, en son omnipuissance, en sa souveraine bonté… ?

La Foi est la pierre d’angle qui fonde tout l’édifice de l’Eglise et de notre vie spirituelle. Saint Pierre, le premier Pape que nous fêterons mercredi, n’ a pas reçu la tâche d’aimer ces frères, mais celle de les confirmer dans la Foi. La vertu surnaturelle de Foi, aujourd’hui plus invisible que l’Espérance, est si fondamentale. Le Docteur de l’Amour divin affirme « La Foi est la base et le fondement de toutes les autres vertus, mais particulièrement de l’Esperance et de la Charité. » [Sermon LVI du 17 février 1622]. La Foi est vraiment un don qui en nous faisant tous professer les mêmes vérités de la Foi nous rassemble. Il nous faut donc être docile à l’enseignement de l’Eglise qui nous transmet les vérités révélées. Notre père saint François de Sales dit justement « L’obéissance des Chrétiens doit être aveugle parce que la foi ne voit pas, mais elle croit […/…] Il faut obéir à l’Eglise les yeux fermés. » [Sermon CXXXIX du 8 mars 1617] Sans cela le Chrétien court le risque de ne plus partager la même Foi que les autres et ainsi de s’exclure lui-même de la pleine communion de l’Eglise : « les hérétiques se sont jugés eux-mêmes » [Sermon CXXXII du 24 février 1617]

La Foi est ce qui nous fait membre du Peuple de Dieu. Ecoutez en conclusion la sentence du grand Docteur de l’Eglise : « C’est la foi, en effet, qui distingue le peuple fidèle de tous les autres (les hérétiques, les catéchumènes, les schismatiques sont hors de l’Eglise), tant que la foi règne, les hommes sont considérés comme faisant partie de la vigne ». [Sermon CXXXII du 24 février 1617].

Chanoine B. Sigros

Fête de la sainte Famille

Chers fidèles,

           Ce dimanche, l’Eglise fête la sainte famille sauf dans les nombreuses contrées où le 6 janvier n’est plus chômé, alors ce dimanche est en fait la solennité extérieure de l’Epiphanie. Il faut se rappeler que l’Epiphanie est l’une des dix fêtes de préceptes de l’Eglise universelle (cf. Code de Droit Canonique, Canon 1246) qui devrait donc être fériée. Il s’agit de l’une des fêtes majeures de notre liturgie. Elle fait écho, tout comme la Pentecôte pour Pâques, à la fête de  Noël. Malgré l’importance majeure de cette solennité, c’est la fête de la sainte famille qui va nous donner à méditer.

L’Ecriture Sainte nous donne peu de détails sur la vie de Notre Seigneur après le retour d’Egypte de la sainte Famille. C’est là un mystère qui rappelle à tous les Chrétiens que les merveilles extérieures de Dieu en sa Création ne sont rien en comparaison de ce qu’Il réalise d’infiniment plus grand dans le secret des âmes. Ainsi disait le célèbre bénédictin Dom Marmion : « Celui qui vient racheter le monde, le veut sauver d’abord par une vie cachée aux yeux du monde. » Il y a là un encouragement pour tous à donner la primauté à la contemplation et à la prière par rapport aux œuvres.  Le mystère du Deus absconditus, du Dieu caché manifeste également, et la richesse de ces merveilles dans le secret des cœurs, et le parallèle qu’il y a entre la vie intime de la sainte Trinité et la vie « privée » de la famille chrétienne.

Notre cher Benoit XVI, d’heureuse mémoire, disait justement : « La famille est l’Eglise domestique et doit être la première école de prière. Dans la famille, les enfants, dès leur plus jeune âge, peuvent apprendre à percevoir le sens de Dieu, grâce à l’enseignement et à l’exemple des parents: vivre dans une atmosphère marquée par la présence de Dieu. Une éducation authentiquement chrétienne ne peut se passer de l’expérience de la prière. Si l’on n’apprend pas à prier en famille, il sera ensuite difficile de réussir à combler ce vide. » [Benoit XVI, Audience générale du 28 décembre 2011] Il nous livre également un enseignement sur la famille comme lieu de communication, de relation (comme entre les Personnes de la sainte et indivise Trinité) dans la Foi surnaturelle : « En imitant la Sainte Famille de Nazareth, que les parents se préoccupent sérieusement de la croissance et de l’éducation de leurs enfants, afin qu’ils mûrissent comme des hommes responsables et d’honnêtes citoyens, sans jamais oublier que la foi est un don précieux qu’il faut alimenter chez ses propres enfants, également à travers l’exemple personnel. Dans le même temps, prions pour que chaque enfant soit accueilli comme don de Dieu, soit soutenu par l’amour de son père et de sa mère, pour pouvoir grandir comme le Seigneur Jésus « en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52). Que l’amour, la fidélité et le dévouement de Marie et Joseph soient un exemple pour tous les époux chrétiens, qui ne sont pas les amis ou les maîtres de la vie de leurs enfants, mais les gardiens de ce don incomparable de Dieu. » [Benoit XVI, Angelus du 30 décembre 2012]

Pour conclure écoutons encore les enseignements du défunt Pape, manifestant la grandeur de la famille : « Il  [le Christ] a appris d’eux qu’il faut en premier lieu accomplir la volonté de Dieu, et que le lien spirituel vaut plus que celui du sang. La Sainte Famille de Nazareth est vraiment le « prototype » de toute famille chrétienne qui, unie dans le Sacrement du mariage et nourrie par la Parole et l’Eucharistie, est appelée à réaliser l’extraordinaire vocation et mission d’être une cellule vivante non seulement de la société, mais de l’Eglise, signe et instrument d’unité pour tout le genre humain. » [Benoit XVI, Angelus du 31 décembre 2006]

Chanoine B. Sigros

Octave de la Nativité

Chers fidèles,

           Le dimanche, Octave de Noël était autrefois aussi dénommé Octave de la Nativité et Circoncision du Seigneur. J’aimerais donc mettre en parallèle cet événement de la vie de Notre-Seigneur avec la fête de l’Epiphanie qui sera célébrée dans le courant de cette semaine. En effet, l’Epiphanie est non seulement la commémoraison de l’Adoration des Mages et  des Noces de Cana mais elle est également celle du baptême du Christ. C’est pourquoi, traditionnellement, en la Vigile de l’Epiphanie il y a la grande bénédiction de l’eau.

  La circoncision de Notre-Seigneur n’est pas uniquement l’accomplissement par le Christ d’une prescription rituelle, qu’Il avait lui-même imposée et qu’Il accomplit pour nous montrer le prix de l’obéissance : « Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance » [Hb V,8] C’est un événement qui est enraciné dans l’économie de l’Incarnation et qui métamorphose la relation entre Dieu et les Hommes.

  Dans la circoncision du Christ, se manifeste d’importants éléments spirituels mais de façon sensible, visible et même corporelle. Corporellement, bien loin des idées perverses et mensongères de ce siècle, le Christ est un être humain parfait avec donc une identité sexuelle claire : Notre-Seigneur est un homme, un individu de sexe masculin. C’est là une des dimensions de l’Incarnation liée à la faute d’Adam, père de l’humanité ; le Christ lui est le «  le premier-né, avant toute créature » [Col I, 15] mais aussi « le premier-né des morts » [Col I, 18 & Ap I, 5].Ce signe visible qui scelle l’Alliance est un signe d’amour : l’amour entre l’homme et la femme est une pâle figure de l’image de l’amour jaloux de Dieu pour les Hommes : « Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle » [Ep V, 25] Mais quand le Christ choisit librement (Notre-Seigneur avait déjà l’usage de la raison à ce moment là) de pratiquer ce rite c’est pour manifester sa messianité universelle. Car, comme le dit un document du IVème siècle le Christ « a aboli la circoncision en la portant à son achèvement en lui-même (Lc 2,21) »  [Constitutions apostoliques, VI]. En raison de cela, la circoncision n’est non seulement plus nécessaire mais même interdite dans l’Eglise. Pour être membre du corps mystique du Christ, il n’y a plus besoin de circoncire un membre corporel, c’est la circoncision de l’Esprit qu’il faut [cf Rm II,29]. En effet il est dit : « Soyez circoncis pour votre Dieu et circoncisez le prépuce de votre cœur » [Jr 4,4]. Et la circoncision de l’Esprit est possible pour les Juifs mais également pour les Gentils « il n’y a plus ni juif, ni grec » [Ga III, 28]. Notre incorporation au peuple de Dieu se fait depuis ce moment là par l’effusion du sang de Dieu et non plus par l’effusion du sang des hommes. Le baptême est justement mort et résurrection dans le Christ, le baptême est une nouvelle naissance mais non plus par l’union de la chaire mais par l’eau et l’Esprit [cf Jn III, 5-6]. Le récit du rituel de la circoncision est donc d’une grande importance pour l’image que nous avons de Dieu et notre relation à Dieu  : un Dieu qui descend jusque dans le corps humain et qui universalise l’Alliance. 

Chanoine B. Sigros

Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ

Chers fidèles,

           Le mystère de Noël que nous célébrons ce soir est universel, toute la planète d’une façon ou d’une autre va participer aux festivités du 25 décembre. En effet, cette fête à la différence de Pâques est une fête qui unit et réconcilie ce qui était divisé. Certes les païens ne peuvent pas comprendre que c’est la naissance d’un Dieu que nous célébrons, que c’est un avènement inimaginable mais quelque chose leur fait goûter une petite partie de la joie de Noël. Cette joie est plus discrète et plus retenue que la joie de la triomphale victoire de Pâques. Même la sainte Liturgie semble être plus sobre. Les prêtres ont la possibilité de célébrer trois Messes mais si l’on ose dire ce sont des messes normales. A Pâques, la Messe de la Vigile est pleine de riches symboles, rien de comparable ce soir et demain matin. Pâques est un triomphe qui divise, qui sépare : Satan et les démons sont terrassés, la mort est vaincue, les bons et les méchants sont séparés par la Croix du Christ. Noël unit, réconcilie : le Ciel en Jésus s’unit à la Terre, Dieu s’unit à l’humanité, la richesse infinie de Dieu avec la pauvreté de la chair, la puissance de Dieu avec le silence de l’enfant, la souveraineté divine avec la dépendance du fils…

  Mais Noël, voyez-vous, n’est pas simplement un moyen que Dieu choisit pour aller vers la Croix et la Rédemption, c’est le mode que Dieu choisit pour accomplir la Rédemption. Notre Salut se fait en et par l’Incarnation du Christ. Noël est le prototype de ce que Dieu vise dans le projet de l’économie du Salut : à la Nativité, Dieu s’unit à l’Homme car Dieu veut que l’Homme s’unisse à lui pour l’éternité. Noël n’est pas à mettre en perspective avec Pâques mais plutôt avec l’Ascension. Alors la contemplation du mystère qui nous occupe prend un nouveau sens et s’ouvre dans une dimension future et collective. Ainsi qu’en ce jour béni, chacun de nous rayonne de cette joie et partage avec les autres Chrétiens les délices que Dieu nous offre en cadeau.

Chanoine B. Sigros

4ème dimanche de l’Avent

« La vertu propre de ce temps d’Avent est la préparation de l’âme à la venue du Verbe avec sa grâce. »

Bienheureux Cardinal Alfredo Schuster (1880 + 1954)

Chers fidèles,

  En entrant dans la dernière semaine de l’Avent, unis aux justes de l’Ancienne Alliance, tous les chrétiens aspirent avec impatience à la grande joie de la délivrance de Noël. L’intensité de l’attente ne fait qu’augmenter, et « L’Église, dit Dom Guéranger, compte les heures d’attente ».

   Or cette attente s’exprime parfaitement dans le cadre de l’évangile de cette Messe (en réalité, l’évangile de ce dimanche est celui de la Messe du samedi des Quatre-Temps) : le désert. Il faut que notre âme se retire au désert pour sentir grandir sa soif. Pour sentir, sans aucune distraction, l’aspiration profonde de son cœur vers Celui qui vient. La péricope de ce dimanche est pour l’âme un appel puissant à se préparer à accueillir le Christ : « Retirons-nous à l’écart durant ces jours ; ou si nous ne le pouvons faire à raison de nos occupations extérieures, retirons-nous dans le secret de notre cœur et confessons notre iniquité, comme ces vrais Israélites qui venaient, pleins de componction et de foi dans le Messie, achever, aux pieds de Jean-Baptiste, l’œuvre de leur préparation à le recevoir dignement, lorsqu’il allait paraître. » [Dom Guéranger] Il faut accepter durant ces dernières heures d’être attiré par Dieu à Jésus. Cela peut sembler surprenant mais notre attente au désert consiste à laisser son âme être happée par Dieu : « Je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur. » [Osée 2, 16] Car « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » [Jn VI, 44] Pour pouvoir goûter dans quelques jours la joie de Noël, il faut pouvoir en être émerveillé ; et pour en être émerveillé, il faut voir au-delà de la naissance d’un enfant, il faut voir Dieu. Que fait saint Jean-Baptiste au désert si ce n’est « rendre témoignage à la Lumière » [Jn I, 7} ? Celui après qui nous aspirons et qui nous aspire à Lui est bien la Lumière des Nations ! Cependant, faisons attention, malgré la grande splendeur de cette lumière certains ne la voient pas : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » [Jn I, 11] Il faut être un « fils de la lumière » pour voir la belle clarté de cette aurore qu’est Noël. Pour que l’âme saisisse ce qui se passe lors de la Nativité de Notre-Seigneur, elle doit être dans la lumière du Christ. N’est-ce pas l’incarnation de celui qui est la lumière, née de la lumière ? Il est vrai que cette lumière laisse échapper un rayon de clarté même aux païens, d’autrefois comme d’aujourd’hui, mais le véritable esprit de Noël est impénétrable à l’âme qui refuse de croire. A travers le monde, que ce soit l’hiver ou l’été, toutes les capitales se parent de quelques décorations festives, de quelques sapins mais pour être devant la crèche il faut  être un fils de Dieu : « à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » [Jn I, 12]. Pour conclure, méditons les mots de saint Ambroise : « Accours vers cette lumière du Soleil qui illumine tout homme [Jn 1,9]. Cette vraie lumière brille pour tous ; mais si quelqu’un ferme sa fenêtre, il se prive de la lumière. Tu exclus le Christ si tu fermes la porte de ton esprit. Le Christ a toujours pouvoir d’entrer, mais il ne veut pas faire irruption comme un importun, forcer les gens qui ne le désirent pas. »

Chanoine B Sigros

3ème dimanche de l’Avent

« Mes enfants, restez joyeux : je ne veux ni scrupules, ni mélancolies, il me suffit que vous ne fassiez pas de péché !»

Saint Philippe Néri

Chers fidèles,

  Le troisième dimanche de l’Avent est le dimanche dit de « Gaudete ». C’est le dimanche de la joie. L’Apôtre nous y exhorte, et même nous l’ordonne en utilisant l’impératif : « Soyez toujours joyeux dans le Seigneur ! Je vous le répète : soyez joyeux. » Il est vrai que parmi les épreuves et difficultés d’ici-bas qu’elle soit temporelle comme la forte inflation de ce moment, ou spirituelle comme la diminution de la foi et de la pratique, les chrétiens pourraient être tentés de se lamenter et d’être tristes. Mais, sans jamais nier la réalité, il faut voir la vie sous un angle surnaturel. Saint Josemaria nous interroge : « Si nous nous voyons comme ce que nous sommes, des enfants bien-aimés de notre Père des cieux, comment ne serions-nous pas toujours joyeux ? »

Ce temps de l’Avent est justement un temps d’attente dans la joie : « Nous attendons, dit le bienheureux Guerric d’Igny,  le jour anniversaire de la Nativité du Christ, dont on nous annonce que nous le verrons bientôt. Et l’Écriture semble exiger de nous une joie telle que l’esprit, s’élevant au-dessus de lui-même, s’empresse d’accourir au-devant du Christ qui vient; il se porte en avant par le désir, il s’efforce, sans tolérer aucun retard, de voir déjà ce qui est encore à venir. »

Notre paix, notre joie, notre secrète béatitude ne sont point de celles que donne le monde ; le monde ne peut y toucher ; nos vies fixées en Dieu, le climat de nos vies doit être le climat de la grâce. Si nous vivons dans la grâce nous serons dans la joie chrétienne. Elle est vraiment un signe de notre amitié avec Dieu, de notre union à Jésus. Ainsi la tristesse, la mélancolie sont, elles, les signes et les marques de l’Ennemi. Saint Jean Bosco, tout empreint de la spiritualité de saint François de Sales, disait : « Rappelez-vous, le diable a peur des gens heureux ! » Cette peur lui vient que lorsqu’il rencontre une âme heureuse, il s’attriste d’un part parce qu’il lui sera difficile de la tenter, d’autre part cela rappelle à tous les démons le triste état qu’ils ont choisi en refusant de servir Dieu. La persévérance dans la joie évite bien des tentations. En effet, comment succomber dans des plaisirs illicites si nous apprécions l’amour de Dieu pour nous ? Comment tomber dans la fuite des préoccupations et la recherche de  divertissements malsains si nous nous réjouissons dans le Seigneur ? Cependant il faut bien noter que la joie n’est pas facile à maintenir en nos âmes. Mais c’est ce que Dieu nous demande et ce qu’il apprécie. Sainte Thérèse d’Avila aimait à dire que « Le Seigneur aime les cœurs joyeux, les âmes toujours souriantes. »

Avec l’aide des saints, leurs intercessions et leurs exemples (en particulier celui de saint Philippe Néri, saint patron de notre séminaire de Gricigliano), il nous faut cultiver l’esprit de joie marque de l’esprit de l’enfance spirituelle que nous enseigne saint François de Sales. Souvenons-nous toujours que « nous valons ce que valent nos joies » [saint Thomas d’Aquin].

Chanoine B Sigros

Deuxième dimanche de l’Avent

« La route qu’on vous montre n’est pas longue ; ô hommes ! Vous n’avez ni à franchir les mers, ni à pénétrer les nues, ni à gravir les montagnes. C’est en vous-mêmes que vous irez à la rencontre de votre Dieu. » Saint Bernard

Chers fidèles,

  Dans la collecte de cette Messe nous disons  : « Excitez, Seigneur, nos cœurs pour préparer la route à votre Fils unique » C’est là l’écho de la mission que Dieu attribua, en son temps, à saint Jean-Baptiste, comme nous le dit l’évangile de ce dimanche : « C’est celui dont il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de vous, pour vous préparer la voie devant vous. » Aujourd’hui, avec l’intercession de saint Jean-Baptiste, nous voulons nous aussi faire une route en notre âme au Verbe incarné. C’est là l’enseignement majeur de cette Messe comme le dit Dom Guéranger « L’avènement intérieur, celui qui s’opère dans les âmes, est l’objet presque exclusif des prières de l’Église en ce jour » 

  Pour faire cette piste, il faut se mettre en route. Ecoutez les conseils que nous donne le Bienheureux Père Abbé Guerric D’Igny (1070 +1157) : « Le chemin du Seigneur, frères, qu’il nous est demandé de préparer se prépare en marchant. On y marche dans la mesure où on le prépare. Même si vous vous êtes beaucoup avancés sur ce chemin, il vous reste toujours à le préparer, afin que, du point où vous êtes parvenus, vous soyez toujours tendus au-delà. Voilà comment, à chaque pas que vous faites, le Seigneur à qui vous préparez les voies vient au-devant de vous, toujours nouveau, toujours plus grand. C’est pourquoi le voyageur sage et décidé pensera commencer lorsqu’il arrivera. Il oubliera alors ce qui est derrière lui pour se dire chaque jour : « Maintenant, je commence. » Mais nous qui parlons d’avancée dans ce chemin, plût au ciel que nous nous soyons mis en route ! A mon sens, quiconque s’est mis en route est déjà sur la bonne voie : il faut toutefois qu’il ait vraiment commencé. Si tu es déjà sur le chemin, ne perds pas ta route ; tu offenserais le Seigneur qui lui-même t’a conduit. Alors il te laisserait errer dans les voies de ton cœur. Si ce chemin te paraît dur, regarde le terme auquel il te conduit. « Ils marcheront par ce chemin, dit Isaïe, ceux qui ont été libérés et rachetés par le Seigneur, et ils viendront dans Sion avec des cris de joie. Un bonheur éternel transfigurera leur visage, allégresse et joie les accompagneront, douleur et plainte auront pris fin. » Celui qui pense à ce terme, non seulement trouve le chemin court, mais encore a des ailes, de sorte qu’il ne marche plus, il vole vers le but. »

  Pour conclure voyons comment entreprendre ce voyage qui ouvre et trace la route : « Efforçons-nous, dit saint Bernard, de monter vers le Sauveur par la même voie qu’il a suivie pour descendre jusqu’à nous. Puissions-nous avoir, par vous, Ô Marie, accès auprès de votre Fils. Que celui qui nous a été donné par vous, par vous aussi nous reçoive. »

Chanoine B Sigros